Propos recueillis par Florence Delahaye, Hervé Galvan et Sandra Blondel
Quelle est l’origine d’Outils Réseaux ?
Il y a 10 ans que le projet Outils Réseaux a démarré. Il est né du besoin de certaines structures d’éducation à l’environnement d’améliorer leur travail en commun. A cette époque on cherchait « LA » solution miracle pour mieux communiquer entre nous.
Ca a aussi coïncidé avec ma rencontre avec David Delon. C’était également les débuts de wikipédia et du web participatif 2.0 Nous avons réfléchit aux outils qui correspondraient le mieux aux publics avec lesquels nous travaillions à savoir des personnes âgées, des pédagogues et des enfants ; autrement dit des personnes pour lesquelles il s’agissait d’un premier contact avec l’outil informatique. Donc il nous fallait des outils simples et accessibles. David était interpellé par cette démarche et a commencé à s’intéresser à la pédagogie. Il a pensé à quelques outils adéquates à ma démarche d’animation. Il a résolut des blocages pédagogiques en « tordant » les outils et les adaptant au service d’une dynamique de groupe.
Donc au départ, il y a quelques structures qui ont commencé à échanger autour de ces problèmes : les écologistes de Lozières, Téla Botanica, École et nature (réseaux de structures d’éducation à l’environnement), l’APIEU (éducation à l’environnement urbain).
Puis, nous avons commencé à avoir des demandes d’autres structures pour partager nos « échanges de tuyaux ». C’est pourquoi nous avons organisé en 2003 une formation nationale sur le partage de nos expériences entre « pédagos » et informaticiens.
Au début, le projet a été hébergé par Téla Botanica. Puis, notre projet a commencé à prendre autant de place que la partie botanique et nous avons créé l’association Outils réseaux. Nous sommes donc partis d’un besoin de terrain qui a pris la forme d’un projet informel puis d’un projet hébergé et enfin nous avons créé notre propre structure. Aujourd’hui, nous en sommes à la fin de la deuxième année, l’équipe est constituée de six salariés « pédagos » et informaticiens.
Quel bilan tirez-vous de ces 10 ans ?
En 10 ans, il y a eu une grande évolution au niveau des outils. Nous sommes passés d’outils complexes et chers à des outils simples et accessibles.
En 10 ans, nous avons aussi accompagné plus de 200 collectifs, groupes de personnes qui voulaient plus coopérer/collaborer. Cette expérience nous permet de dire qu’il y a deux ou trois conditions sine qua non pour un bon fonctionnement coopératif/collaboratif et nous permet d’avoir du recul pour voir ce qui relève du mythe et de la réalité par rapport au fonctionnement en réseau.
Notre objectif est de permettre à ces groupes de mieux coopérer/collaborer et de les accompagner notamment en utilisant des outils informatiques. J’insiste sur le « notamment » car les outils ne sont pas une fin en soi, ils sont un moyen pour aider à mieux coopérer/collaborer. En effet , il faut aussi travailler sur des techniques d’animations spécifiques encore plus complexes que les techniques d’animation en présence. J’insiste donc sur les deux facettes d’Outils Réseaux : le côté « pédago » et le côté « info ».
Généralement, on constate deux caps difficiles à passer pour les collectifs : passer d’un petit groupe à un grand groupe (besoin par exemple de techniques et d’outils pour gérer des réunions à 300 personnes) ; passer d’une logique de présence à une logique de distance.
Quel est votre positionnement par rapport à l’ESS ? Et aux acteurs de l’ESS ?
Pour nous, l’ESS réunit des personnes qui se rassemblent pour élaborer des réponses à des problèmes qu’ils ont perçu collectivement et pour fabriquer du bien commun.
Nous sommes un acteur de l’ESS à 300%. Non pas parce qu’on est une association (c’est bien mais ce n’est pas une condition suffisante) mais parce qu’une des caractéristiques de l’ESS est la fonction exploratoire c’est à dire qu’elle part de besoins du terrain. Le projet d’Outils Réseaux est né de besoins de terrain. Nous avons essayé d’élaborer collectivement des réponses qu’on transmet à d’autres dans une logique de bien commun. Nous utilisons des logiciels libres et tous nos cours sont disponibles en creative commons. On se débrouille pour que tout ça puisse nous échapper et donc se diffuser. Permettre aux gens de s’approprier toutes ces techniques là, c’est une logique d’ESS, une des colonnes vertébrales de l’ESS http://outils-reseaux.org/ContenuSF…
Deuxièmement, en ce qui concerne nos champs d’applications (l’éducation à l’environnement, les dynamiques territoriales, la participation ou concertation sur les territoires), nous sommes en plein dans des champs de l’ESS.
La ligne de fracture entre l’économie « cynique et suicidaire » et l’ESS, c’est l’idée de coopération et collaboration. Dans l’ESS ce qui rassemble, c’est un objet qu’on va partager. On ne travaille pas pour nos personnes mais on travaille pour résoudre un problème qui a été perçu collectivement et on créée du bien commun plutôt que du bien privé en générant artificiellement de la rareté.
Au sein d’Outils Réseaux, quels outils utilisez-vous en interne ?
Que l’on soit clair : l’outil coopératif n’existe pas. S’il suffisait d’utiliser les outils informatiques pour coopérer/collaborer ou travailler ensemble à distance ça serait simple. Il y a des collectifs humains avant tout. A partir du moment où ce groupe souhaite coopérer ou collaborer, il y a plein d’outils qui peuvent être coopératifs et collaboratifs.
Notre logique est d’abord centrée sur les gens. On privilégie les outils libres et gratuits. Lorsqu’il n’existe pas d’outil libre correspondant à notre besoin ou usage, on utilise des logiciels propriétaires de préférence gratuit ou pas. Un document en traitement de texte ou un mail bien utilisé peut devenir un très bon outil coopératif, collaboratif. Le principal, c’est la prise de conscience des envies et besoins de coopération, collaboration. L’outil ne doit pas être un frein, c’est une aide au service des gens. Il n’y a pas de réponse universelle mais un panel d’outils possibles adaptés en fonction des personnes et des groupes. On part des outils les plus simples possibles qu’on va complexifier au fur et à mesure que le groupe va se complexifier dans sa posture à coopérer et collaborer. L’important ce sont les étapes du processus.
On nous appelle souvent en nous demandant d’installer des outils coopératifs. Les personnes arrivent avec un cahier des charges déjà bien établi. Mais nous ne sommes pas une société informatique, nous ne faisons pas de prestations. Notre objectif, c’est de proposer des outils et des méthodes qui correspondent aux besoins et usages des gens.
Avec un marteau, on peut tuer des gens ou construire des maisons. Avec le mail c’est pareil : tu peux être submergé par une tonne de mail mais aussi bâtir de la coopération et de la collaboration. Quand les gens viennent nous voir, on leur ouvre notre boite à outil. Il y a plein de vis dedans, la question est de savoir ce que l’on veut accrocher, ce que l’on veut bâtir collectivement. Alors, soit ils se tournent vers les usages et l’entrée méthodo, soit ils entrent par les outils.
Sinon, plus concrètement, les principaux outils que nous utilisons en interne sont : le wiki (pour structurer des documents), drop box (pour synchroniser un dossier sur plusieurs ordinateurs), google formulaire (pour fabriquer des questionnaires, traiter et restituer les résultats instantanément), freeplane (prise de note arborescente), delicious (pour faire de la veille partagée), etherpad (prise de note coopératives) http://outils-reseaux.org/CoursUsages
L’important, c’est que ces outils permettent de décentraliser le pouvoir ; ce n’est pas une personne qui centralise et qui restitue l’information. Nous sommes attentifs à ce que les groupes s’impliquent collectivement dès le début afin de ne pas laisser une seule personne traduire son fantasme en outil, et qui plus est en outil de pouvoir.
Je pense par exemple à une personne qui est venue nous voir avec pleins d’idées pour relancer son réseau sans avoir au préalable consulté ses membres. La personne n’y avait pas pensé donc on voit bien que là ça relève de l’ordre du méthodologique. Toute la problématique, c’est comment passer d’une pensée individuelle à une pensée collective ? Nous lui avons suggéré de faire un questionnaire à destination de ses membres pour savoir de quoi ils ont besoin. Sur 100 réponses reçues, 30 reprenaient ses idées donc c’étaient de bonnes idées mais elle n’avait pas pensé aux 70% restantes.
Elle était aveuglée par ce qu’elle pensait bon pour les autres. Si elle avait lancé ses idées sans consultation, ça aurait fait mouche pour 30 % des personnes mais il y aurait plein de gens qui ne se seraient pas impliqués. En disant, voilà collectivement quels sont les besoins, elle a changé radicalement de posture. Elle est passée de celle qui pensait pour les autres à celle qui animait les pensée des autres. Le fait que les gens se voit collectivement, ils ont pu collectivement hiérarchiser les chantiers. Du coup le taux d’implication a été colossal.
Est-ce que vous sensibilisez aux risques des logiciels propriétaires ?
Mon boulot c’est que les gens soient libres, libres de faire des choix que je pourrais considérer comme mauvais, les assument et puissent s’émanciper de nous, les accompagnateurs. Je suis un éducateur. L’important c’est que les gens fassent les choses en conscience. J’explique les avantages et inconvénients avec les risques pour chaque outil. La vie est une série de compromis entre des avantages et des inconvénients. Le but du jeu, c’est qu’ils soient autonomes et qu’ils n’aient pas à revenir tous les ans travailler avec nous. Parfois, certains logiciels sont libres mais rendent les gens dépendant des informaticiens. Créer de nouvelles dépendances et récréer du pouvoir par l’outil informatique non merci ! Même dans le monde du logiciel libre, il y a un travail à faire sur ces questions. Il faut mettre en place des outils qui permettent aux gens de s’émanciper du processus et de l’outil.
En terme de pédagogie, on met en place des démarches centrées sur la personne, des démarches actives de formation/action. Comme je le disais, tous nos contenus sont libres. On propose des éléments que les gens peuvent tout de suite se ré-approprier et transformer. Ce qui est intéressant c’est ce qu’ils vont nous renvoyer, des usages auxquels on n’aurait pas pensé et qu’à notre tour nous pourrons réutiliser. Nous sommes dans une logique d’écosystème.
Qu’est-ce qui vous motive le plus ?
Les problèmes de l’humanité sont souvent liés à des problèmes de non coopération/collaboration des hommes entre eux (entre riches et pauvres, noirs et blanc, roms ou pas …), entre l’homme et son environnement (situation de prédations) ou de l’homme avec lui-même (entre nos humanités et animalités). Nous sommes tiraillés entre des pulsions de pouvoir et d’appropriation et en même temps entre nos réflexions sur l’humanité et de ce qu’on a envie de faire ensemble. Deux solutions : soit on est écrase l’une par rapport à l’autre, soit on les fait collaborer/coopérer. Cette idée de coopération/collaboration est une affaire politique. En l’ignorant, on continuera à aller dans le mur.
Dans l’équipe, nous avons tous travaillé dans l’économie cynique et suicidaire. Moi j’ai travaillé chez Mac Do, d’autres ont fait de l’informatique de banque. Je sais virer des gens, les faire produire avec le sourire, optimiser, mesurer le rendement des personnes. Nous sommes tous nourris de nos histoires. Pour ma part, c’est en réaction à la réduction des espaces de liberté, à la transformation de la rêverie et du désir en produits marchands, que je travaille aujourd’hui.
Autrefois, on cherchait le leader syndicaliste, le religieux, le politique qui nous dirait ce qu’il faut faire. Aujourd’hui, c’est fini. C’est collectivement qu’il faut réfléchir aux problèmes complexes et construire des solutions. L’ESS, c’est vraiment ça. A côté, le développement durable avec l’idée que la solution est détenue par quelques experts, c’est de la tarte à la crème.
Quels liens faites vous entre outils coopératifs et transformation sociale ?
Ces outils permettent le changement d’échelle et de passer de la logique de présence à la logique de distance. L’organisation de Forum Social Mondial est aujourd’hui beaucoup plus rapide grâce aux outils coopératifs qui permettent de mobiliser rapidement autour d’une cause.
Je pense aussi à l’exemple des « apéros facebook » qu’il ne faut pas mépriser : ces gens jouent à se mobiliser en utilisant les outils qu’ils ont sous la main et en l’occurrence facebook. Ils ont joué et ils ont démontré qu’ils pouvaient se mobiliser rapidement. Dès lors, les manifestations ne se passent pas de la même façon. Je pense notamment aux manifestations contre la réforme des retraites organisées par les étudiants le soir pour le lendemain sur facebook. Ils ont eu la capacité de mobilisation parce qu’ils avaient joué avant avec des outils. Avant d’être adulte, on joue à être adulte. C’est la même chose pour les autres réseaux sociaux ou les jeux en ligne. Jouer à se mobiliser ensemble, c’est de la capacité acquise à mobiliser pour d’autres causes, dans des vies politiques et citoyennes. Comme d’habitude, le problème c’est qu’il va encore y avoir des personnes qui vont récupérer ce désir et le transformer en marchandise. Mais l’important, c’est l’émergence de nouvelles capacités de mobilisations, d’action collective. Ce ne sont pas des choses à regarder de manière condescendante ; il y a de vraies innovations sociales autant pour twitter que facebook. Les gens ont un réel besoin de se relier sans avoir à connaître quoi que ce soit en informatique.
Quelles sont les bonnes méthodes d’animation de réseau ?
Le fonctionnement en réseaux est complexe. Animer des collectifs à distance, c’est une posture qui est relativement récente. Ce sont des nouveaux métiers aux processus et procédures en mouvement. On peut observer trois grandes étapes dans la vie d’un réseau :
- Rassemblement autour d’un « Objet commun partagé » (ex : botanique, veille autour des nano technologies)
- Rassemblement autour de thématiques. De ces petits groupes vont émerger des idées d’actions autour de mini objet commun partagé (connaissance, mutualisation, co-développement)
- Rassemblement autour d’un projet dont le contenu produit un impact en internet ou/et externe.
http://outils-reseaux.org/ContenuReseau
Pour passer d’une étape à l’autre, il y a des techniques d’animation spécifiques. Il faut bien repérer l’état du collectif que l’on souhaite mettre en réseau pour commencer à l’animer. L’animateur ne doit pas prendre le pouvoir sur le groupe mais permet au groupe de comprendre le fonctionnement de réseau et de devenir son propre animateur. On constate plusieurs niveaux de rapport entre le groupe et son animateur qui passe à travers diverse postures pour arriver à l’autonomisation du groupe. Autrement dit, l’animateur passe du « c’est moi qui fait tout » au « ils font n’importe quoi » et à la fin « à quoi je sers ».
Quelle différence faites-vous entre « coopératif » et « collaboratif » ?
Il y a deux écoles. Dans une logique de coopération, on parle en terme d’objectifs finalisés. Par exemple, on veut organiser un festival. On va réunir des personnes qui chacune va s’occuper de choses différentes (l’une de la buvette, l’autre des stands, etc) de manière à réaliser l’objectif finalisé. Autrement dit, on va découper le travail en petites taches et les gens réalisant ces petites taches vont réussir à réaliser le résultat global. Dans une logique de collaboration, le point de départ est un thème commun autour duquel on va travailler. Toutes les personnes peuvent proposer des idées. Ce qui va se produire sera le résultat des idées des gens. Au final, on pourra faire pourquoi pas un festival mais pourquoi pas autre chose.
Quand on fait cette nuance, on voit que dans l’une des démarches le pilotage va se faire à l’intention ; dans l’autre l’attention. Dans l’une, on a des objectifs finalisés ; dans l’autre, on va avoir des objectifs co-constuits. Dans l’une, on va se baser sur des ressources rares qu’on aura tendance à optimiser ; dans l’autre, on va créer des contextes d’abondances desquels on va faire émerger des possibles. Certains de ces possibles iront jusqu’au bout d’autres non. Ce sont donc deux logiques différentes. Les manières d’animer un réseau coopératif ou collaboratif sont complètement différentes. On va avoir des moments où on va être dans des approches très collaboratives et des moments plus coopératifs. D’un côté l’animateur va devoir laisser deux tiers de bazar et un tiers d’ordre ; de l’autre ce sera l’inverse. Ca ne se pilote pas de la même façon.
Quelles sont vos perspectives d’évolution, vos nouveaux projets ?
Actuellement, nous sommes en train de rassembler tous nos contenus afin de mettre en place un vrai module de formation d’animateur de réseau. Cette année, nous avons lancé une expérimentation avec notre formation « Animacoop » en présence et à distance, entre 3 et 6 mois, avec deux cessions l’une avec des animateurs bretons et l’autre dans Lanquedoc Rousillon. Nous leur avons fait vivre en accéléré les différentes étapes de vie d’un réseau afin qu’ils puissent les transposer en temps réel sur leurs propres réseaux. L’année prochaine, d’autres cessions sont prévues en France et dans d’autres pays d’Europe. En juin 2011, nous organisons aussi à Montpellier des rencontres d’animateurs de réseaux à vocation nationale intitulées « Moustic » ou « Mise en Oeuvre des Usages Sociaux des TIC ».
Nous sommes également dans une dynamique d’essaimage. Nous voulons aussi transmettre toute notre ingénierie de formation afin de constituer un réseau de personnes qui font de la formation d’animateur de réseau. Nous sommes d’ores et déjà en contact avec différentes structures qui se sont manifestées pour devenir formateurs. Nous ne voulons pas forcement que l’équipe d’Outils Réseaux se développe, nous voulons rester petits. Nous sommes une pépinière à idées, à projets. L’idée c’est que les outils, les méthodes soient re-appropriés par d’autres pour qu’on puisse réfléchir à autre chose.
Nous avons aussi toujours le projet d’accompagner des groupes pour ne pas se couper de la réalité du terrain. Quand on fait des formations, on a les phrases qui se vident. Les tournures sont jolies mais sont un peu éloignées des réalités de terrain. Il faut continuer à être forgeron pour former des forgerons.
Enfin, en terme de prospective, nous essayons de lancer un vrai pôle de recherche/action autour des thèmes « Coopération, TIC et Société » avec un certain nombre d’universitaires ou de gens qui font des recherches sur ces thématiques qui viennent nous voir soit avec l’entrée outil informatique soit avec l’entrée méthodologique. Comment l’idée de coopération/collaboration et des TIC interagit sur la société ? Nous aimerions que ce pôle interdisciplinaire de recherche trouve sa place dans la future Maison des sciences de l’homme qui est en train de se bâtir à Montpellier.
Comment envisagez-vous l’évolution des nouveaux outils ?
On a vu une simplification. Avant, on devait passer par un informaticien qui installait les logiciels. Maintenant, c’est quand même beaucoup plus simple. Les outils commencent à être un peu plus ergonomiques.
Cependant, on n’est toujours pas sorti de la logique papier. On a transféré la logique du bloc note et du livre sur internet. C’est la prochaine révolution. Les écrans tactiles vont pas mal y contribuer et chambouler notre rapport à l’écrit et au clavier.
Par ailleurs, l’humanité est toujours prise dans cette logique de balancier entre du commun et privé. Quand il y a eu les premiers outils type wikipédia, les seules capacités d’implications étaient sur des plateformes qui impliquaient de la coopération, collaboration maintenant ces outils faciles web 2.0 à utiliser se recentrent sur la personne. Comme tout le monde peut faire son blog, il y a moins de personnes qui s’impliquent sur des projets communs et plus qui utilisent ces outils pour des pratiques individuelles. Il faut faire attention à ce que chacun ne devienne pas le centre de son réseau social et se débrouiller pour que les projets impactent plus les uns avec les autres pour sortir d’une logique centralisée et de l’entre soi.
L’autre évolution intéressante et dont on mesure trop peu l’impact, concerne les « smartphones ». Auparavant, l’outil informatique est lié à l’écran (portable ou non). Aujourd’hui, la différence entre le téléphone et l’ordinateur à tendance à s’estomper. Le fait de pouvoir écrire n’importe où, contribuer ou récupérer du contenu n’importe où, va impliquer de nouveaux usages. C’est ce qu’on commence à voir par exemple avec le contenu géoréférencé (je suis à tel endroit, je peux mettre du contenu par rapport à ce que je vois et je suis pas obligé de revenir chez moi pour mettre l’information). Aujourd’hui, les opérateurs rendent l’accès à des téléphones puissants relativement abordable. Par contre qui dit démocratisation, dit marchés à prendre pour confisquer ces nouveaux liens possibles et capacités d’implication possibles et les transformer en produits marchands. Il y a une vraie bataille et vigilance à mettre en oeuvre pour que la vraie capacité des réseaux sociaux au sens humain du terme puissent être amplifiée par les TIC et notamment par les téléphones et qu’elle ne soit pas prise en otage par les opérateurs. Je ne sais pas quels usages ça engendrera mais en tout cas, ça changera la posture de chacun derrière son ordinateur. Rendez-vous dans 3 ans ?